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Juil 02

Les plateformes de e-commerce dans le collimateur de l’industrie européenne du jouet

Le 17 juin 2020, lors d’une conférence de presse, l’industrie européenne du jouet a présenté la publication de son rapport sur le e-commerce des jouets via les plateformes en ligne (les Marketplace). A cette occasion, l’industrie a interpelé l’Union Européenne (ci-après « UE ») sur l’importation de jouets défectueux dans l’UE et sur la responsabilité des plateformes.

Le rapport présenté à Bruxelles ce 17 juin 2020 intitulé : “EU Toy Safety : the problem of unreputable sellers on online marketplaces” (ou, en français : « La sécurité des jouets dans l’UE : le problème des vendeurs non recommandables sur les marchés en ligne ») montre que sur environ 200 jouets achetés à des vendeurs tiers sur les plateformes présentes en Europe, 97% n’étaient pas aux normes européenne et 76% étaient défectueux et dangereux pour les enfants.

Les plateformes ou marchés en ligne mis en cause par le rapport sont Amazon, AliExpress, eBay et Wish.

Les problèmes liés aux jouets sont variés, ils peuvent inclure des risques pour les enfants de s’étouffer avec des petites pièces qui sont trop facilement détachables, le fait de trouver des traces de substances chimiques normalement interdites car dangereuses pour les enfants, voire une concentration de substances nocives qui sont de plusieurs centaines de fois supérieures à la réglementation de l’UE.

Les risques de blessures en raison d’objets ou de pièces pointus sont aussi un problème récurrent dans le cas des jouets vendus par des vendeurs tiers sur les plateformes en ligne.

Le rapport précise que les jouets non règlementaires sont de marques inconnues dans l’UE voire sans marques ni signes distinctifs.

Quelle action possible pour contrer ce fléau ? L’industrie européenne du jouet dénonce le manque de responsabilisation des plateformes qui mettent en relation les vendeurs tiers avec les consommateurs européens, pointe du doigts les pratiques inefficaces qui existent aujourd’hui et il existe également un problème de manque de règlementation qui doit être réglé.

Le rapport montre que les vendeurs tiers ne sont pas ou très mal identifiés et que cela n’existe que dans le cas des plateformes en ligne.

Or, aujourd’hui ces plateformes sont des acteurs très importants pour le marché du jouet et de la consommation en général. Ils font leur bénéfices grâce à l’utilisation de leurs plateformes par des vendeurs non répertoriés et qui vendent ensuite des jouets non conformes ce qui a pour conséquence directe de mettre en danger la santé et la sécurité des enfants.

Un changement qui aurait un réel impact serait pour l’UE de reconnaitre le rôle des plateformes au sein de la chaîne d’approvisionnement (supply chain) et de leur donner des droits et devoirs clairs et précis via une règlementation elle aussi claire et précise.

Une plateforme pourrait être caractérisée comme un distributeur ou un importateur et se voir appliquer des règles similaires à celles qui s’appliquent aux distributeurs et importateurs.

Promouvoir les jouets produits par des marques reconnues par l’UE et qui respectent les règlementations en vigueur est aussi préconisé par le rapport.

Cependant, laisser les plateformes décider, par leur propre volonté, de mettre en place des programmes pour lutter contre les produits défectueux, et ce qui est aujourd’hui le cas, n’est pas efficace. Selon l’industrie européenne du jouet il est nécessaire pour l’UE de présenter une nouvelle règlementation et de vérifier sa bonne application.

Par exemple, les plateformes devraient être obligée de vérifier l’identité des vendeurs tiers qui utilisent leur service de marché en ligne.

Elles devraient également avoir pour obligation de réagir dans les plus brefs délais lorsque des produits défectueux sont identifiés et leur sont signalés. Une réaction attendue est notamment d’enlever les annonces de vente des produits ainsi que de contacter les consommateurs qui ont acheté ces produits.

A titre d’exemple, le rapport publié par l’industrie européenne du jouet a été présenté aux quatre plateformes.

Sur les quatre plateformes, seulement deux ont contacté les consommateurs qui avaient acheté les jouets qui ont été testés défectueux. Sur ces deux plateformes, la première a envoyé seulement 12 notifications sur 31 jouets identifiés comme non règlementaires et potentiellement dangereux, dans un délai de deux mois, et n’at pas précisé dans les notifications que les jouets étaient dangereux. La deuxième plateforme a contacté les consommateurs dans un délai de plus de deux mois mais leur donnait plus de détails sur les produits défectueux. Il convient de mettre en avant les risques que ce manque d’action de la part des plateformes peut engendrer.

Cela montre bien la nécessité de nouvelles règles puisque les plateformes ne réagissent pas toujours et quand elles régissent elles ne sont pas transparentes et ne communiquent pas assez d’information sur les produits défectueux et sur leur dangerosité. Cela pose problème vis-à-vis de la protection du consommateur.

En effet, les enfants se retrouvent à manipuler des produits dangereux pour eux pendant deux mois voire plus avant que la défectuosité et dangerosité ne soient signalées et dans certains dans un langage bien trop implicite.

Enfin, le rapport indique que de nombreux jouets identifiés comme dangereux sont encore disponibles sur les plateformes en juin 2020. Seulement ceux communiqués via le rapport ont été enlevés mais seront vites remplacés par d’autre.

Par Raphaëlle Marquet pour ATurquoise

Source : Industrie européenne du jouet

Lien : https://www.toyindustries.eu/press-release-eu-toy-safety-toy-industry-calls-for-eu-rules-to-enforce-online-marketplaces-to-weed-out-illegal-traders/